L’Armagnac, toute une histoire…

Le principe de la distillation – chauffer le vin pour en tirer un alcool plus concentré, dont les arômes vont être délicats – est connu depuis l’Antiquité, et attesté en Europe dès le XIIe siècle alors qu’il était pratiqué en Asie centrale près de mille ans plus tôt. Les alchimistes utilisaient la méthode pour tirer les substances subtiles des éléments, puis on s’est rendu compte de la qualité gustative des liqueurs issues du procédé lorsqu’on distillait du raisin ! 

L’Armagnac compte parmi les eaux-de-vie plus anciennes, puisque les premières représentations d’alambic servant à le distiller remontent… au Moyen Age ! Utilisé comme remède à tous les maux, l’Armagnac gagne ses lettres de noblesse. On l’applique sur les vêtements pour fortifier le corps, on en boit pour réchauffer les sangs et combattre la timidité, chaque usage étant répertorié avec précision par les médecins.

À partir du XVIIe siècle, la distillation d’Armagnac est massive, son usage étant alors nettement orienté vers la consommation récréative. Mais la distillation de l’Armagnac répond aussi à des considérations géographiques et économiques. Les régions de production sont loin de la mer, et transporter l’alcool concentré permet plus d’efficacité : une fois livrée, l’eau-de-vie est coupée avec de l’eau ou du jus de raisin… L’ajout d’Armagnac dans la vinification permettait également d’augmenter la teneur en alcool rapidement.

Le principe de production de l’Armagnac est simple : à partir de raisin qui peuvent appartenir à différents cépages (Ugni blanc, Baco, Folle blanche, et d’autres moins utilisés comme Colombard, Plan-de-graisse, Jurançon blanc…), on vinifie rapidement puis on distille le résultat, appelé « vin de chaudière ». L’étape suivante de la fabrication de l’Armagnac est la mise en fûts de chêne, ce qui va lui permettre de prendre tous ses arômes. 

C’est la durée de séjour dans ces fûts qui va déterminer l’âge de l’Armagnac. En effet, dès qu’il est tiré l’Armagnac cesse d’évoluer. Si la distillation simple de l’Armagnac est généralement la règle, l’appellation permet, depuis 1972, une double distillation, à l’instar du Cognac.

Pour autant, Cognac et Armagnac répondent à des critères différents, à commencer par la terre sur laquelle poussent les cépages. Celle du Cognac est en effet plus difficile, moins riche en sédiments, majoritairement calcaire. Les cépages sont également plus diversifiés en Armagnac, ce qui offre des breuvages aux caractères marqués selon la combinaison des dénominations géographiques et des cépages. "